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1 août 2009

Armstrong et le rêve d'une défaite.

I Love LA.

Il pourrait s'agir de Los Angeles. Mais c'est de Lance Armstrong dont il est question. Oui, aujourd'hui, tout le monde l'aime. Passer de prince des ténèbres à chevalier blanc icône d'un sport n'est pas donné à tout le monde (l'inverse est plus facile). Mais le faire tout en perdant, cela tient du génie. C'est bien le plus bel exploit personnel de toute l'histoire du sport. Une victoire absolue contre tout ce qui pouvait encore lui faire de l'ombre. Pour comprendre comment et pourquoi Armstrong a réussi ce tour de force mémorable, il faut revenir quelques années en arrière.

Au lendemain de sa retraite, il n'était qu'un américain tricheur, pourtant vainqueur de 7 Tours de France. Tous s'accordaient pour dire que ce n'était qu'un imposteur dont on était enfin débarrassé. Un dopé sans scrupule dont seuls les français pouvaient voir la vraie nature. Les américains n'y comprenaient forcément rien, obnubilés par les maillots jaunes qui s'accumulaient au fil des ans et son passé de survivant d'un cancer (déjà soupçonné d'être du au dopage). On allait enfin voir du vrai vélo, une fois le champion du dopage jamais attrapé disparu pour de bon des routes françaises. Mais c'était bien mal connaitre Armstrong. Il reviendrait se refaire une légitimité. Encore fallait-il attendre un peu,histoire de se faire oublier quelques temps. Sa retraite permet aussi de faire porter le chapeau du dopage aux autres.

Ils prennent le relais avec brio très rapidement, c'est indéniable. Dès l'année suivante, Floyd Landis, le maillot jaune 2006, est déclassé pour dopage au bout d'un an de procédures en tous genres. Un inconnu, vainqueur presque par hasard, est couronné, tout en étant lui aussi soupçonné. L'année 2007 est tout aussi imprévisible. Rasmussen, impressionnant leader à quelques jours de l'arrivée, est limogé par sa propre équipe (pour des histoires pas très nettes de non présentation à des contrôles anti-dopage), ce qui permet à Contador d'être titré. Ce dernier ne pourra pas prendre le départ l'année suivante puisque sa nouvelle équipe, Astana, est refusée par les organisateurs pour "dommages causés par cette équipe au Tour de France et au cyclisme en général, tant en 2006 qu'en 2007". Carlos Sastre sortira gagnant d'un Tour 2008 finalement assez tranquille puisque le premier futur banni, Bernhard Kohl, ne finit que 3ème. Le jeune autrichien est susceptible de reprendre sa carrière après sa suspension mais prendra finalement sa retraite en déclarant "s'être toujours dopé" et savoir que "dans le milieu, celui qui parle vraiment ne revient pas".

Après ces trois années tortueuses, Armstrong peut revêtir sa tenue de héros pour prouver que tous ne sont pas corrompus. Il sort donc de sa retraite et revient faire le Tour de France 2009 chez Astana (un comble non?) et avec Contador, le grand favori de l'épreuve, comme coéquipier. Pourquoi fait-il donc ça ? Peut-il vraiment espérer gagner ? Quelle est sa véritable ambition ? Eh bien, en y réfléchissant, c'est aussi facile à trouver que logique. Armstrong détient le record de victoires (consécutives en plus) et une victoire de plus ne lui servirait à rien. Sauf peut être à prouver qu'à 37 ans, il a toujours les meilleurs dopants indétectables. Une défaite lui permet au contraire de montrer que ce n'est qu'un homme (presque) comme tout le monde qui peut craquer sous la pression et perdre contre plus fort que lui. En trois semaines et une grande boucle terminée à la troisième place, il s'est refait une légitimité, voire une virginité, qu'il n'a jamais eu après ses 7 victoires consécutives. Les suspicieux (pour les plus gentils) d'hier sont les premiers à applaudir aujourd'hui un champion modèle luttant encore pour les premières places et qui mobilise tout son monde (à juste titre d'ailleurs, il faut bien lui reconnaitre au moins ça) pour Livestrong, son association contre le cancer.

Armstrong aura finalement réussi son pari incroyable : faire oublier son passé sombre et devenir la légende qu'il a toujours voulu être. En un tour de passe-passe magique, le loup sournois s'est transformé en agneau blanc comme neige...  Chapeau l'artiste !

2009 aura donc été une grande année pour le cyclisme et le Tour de France. Pas pour Contador, le vainqueur, ni pour les frères Schleck, mais un Tour sans histoire de dopage et avec un Amrstrong grand seigneur finalement adulé par les foules, qui aurait, un jour, sérieusement pu croire ça ?

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